Vainqueur de l’Open d’Australie et d’Indian Wells, Roger Federer pratique un tennis remarquable en 2017, malgré ses 35 ans. Est-ce un simple sursaut d’orgueil après une longue blessure ou un réel retour à son meilleur niveau ?
Des étoiles plein les yeux, une jeunesse retrouvée
Roger Federer abordait 2017 dans la peau du 16e joueur mondial, sa plus mauvaise position depuis l’an 2000. Certes ce classement prenait en compte ses six mois d’absence au second semestre 2016 et n’était donc pas représentatif, mais il était tout de même difficile d’imaginer un tel retour au premier plan. Et rien de mieux qu’un Grand Chelem pour débuter officiellement sa saison. Si les yeux étaient un temps rivés sur la lutte entre les deux monstres Djokovic et Murray, ceux-ci ont rapidement disparu du tableau à la stupeur générale.
Du coup, le revenant est réapparu sur les devants de la scène en compagnie de son adversaire de toujours, Rafael Nadal. Leur épopée parallèle a pris fin lors d’une finale d’un autre temps entre ces deux légendes de leur sport. Là aussi, le scénario ne pouvait pas être mieux, les deux trentenaires se rendant coup pour coup 3 heures et 37 minutes durant, jusqu’au triomphe du plus âgé, son premier Grand Chelem depuis 2012. Portant sa collection à 18 majeurs, Federer ne venait peut être pas de réaliser un coup d’éclat, ce moment d’émotion était-il le premier d’une seconde carrière ?
Roger Federer n’aura ensuite disputé qu’un tournoi avant le premier Masters 1000. Le retour à la réalité fut pour le moins décevant, avec une triste élimination dès le deuxième tour du tournoi de Dubaï (face à Donskoy, 116e mondial). Mais Roger n’en avait que faire, son retour a une nouvelle fois été dévastateur. À Indian Wells, rien ni personne ne semblait en mesure de l’inquiéter. Pas un set de concéder en cinq rencontres, cela suffisait amplement pour venir décrocher son 25e Masters 1000, excusez du peu.
Déjà à la tête de plus de 3000 points, le Bâlois occupe évidemment la première place du classement de la Race (classement ATP sur 2017) et possède un matelas d’avance sur son dauphin (Nadal, à 1410 points). Mais pour combien de temps sera-t-il encore seul sur la planète tennis ?
Une blessure et un pari gagnant
Quelques jours après un Wimbledon 2016 très honorable, conclu par une demi-finale perdu face à Milos Raonic, Roger Federer préférait stopper prématurément sa saison, en cause une blessure au genou. Le rêve olympique envolé, le Suisse s’était donné six mois pour revenir en forme au très haut niveau. Loin de là devait être l’idée de remporter dès son retour un nouveau trophée du Grand Chelem…
Depuis 2012 et son septième sacre sur le gazon londonien, le Maestro semblait avoir perdu de sa superbe et avait pris le chemin du déclin, physique mais surtout sportif. Pendant les quatre années qui ont précédé ce come-back, Federer n’a disputé « que » trois finales en Grand Chelem, toutes perdues face à Novak Djokovic. En 2013, il se retrouvait même numéro six mondial à l’issu d’une première année sans Grand Chelem depuis 2003. L’an passé il manqua aussi deux majeurs, alors que le dernier Grand Chelem disputé sans Federer remontait à 1999 ! Le Suisse n’était également plus sorti du top 10 depuis 2002.
Si ces signes annonçait une fin de carrière proche, Roger a démontré qu’une légende ne meurt jamais. Aujourd’hui, il lui est impossible d’être performant aussi régulièrement que par le passé, mais il peut encore essaye l’être dans les grands rendez-vous, comme l’a montré son début de saison.
Où sont Murray et Djokovic ?
Denis Istomin, Mischa Zverev, Nick Kyrgios ou encore Vasek Pospisil, voilà ceux qui ont déjà réussi l’exploit de battre Novak Djokovic ou Andy Murray en 2017. Les deux géants du tennis international ont clairement manqués leur début d’année. Alors qu’il n’avait connu la défaite qu’à huit reprises sur une année 2016 mémorable, le numéro un mondial britannique s’est déjà incliné trois fois cette année, une performance décevante pour un joueur de ce niveau. Toutefois, Murray avait attendu le mois de mai en 2016 pour soulever son premier trophée de l’année, chose qu’il a déjà fait cette année à Dubaï.
Novak Djokovic ne s’est pas montré plus rassurant sur ce premier trimestre également marqué par trois défaites, après un triomphe inaugural à Doha. Sur l’ensemble de 2015, l’année de tous ses records, le Serbe n’avait par exemple perdu que cinq matchs. De plus, son échec dès le deuxième tour de l’Open d’Australie, face au surprenant ouzbèke Istomin (117e mondial), constitue sa pire performance en Grand Chelem depuis 2006 et une élimination au premier tour à Melbourne. Mais à l’époque, le Djoker n’était que 76e joueur mondial…
Et maintenant ?
L’interrogation est maintenant de savoir si ces coups de mou de début de saison ne sont que passagers et si Roger Federer pourra en profiter longtemps. En effet, si ces deux immenses champions retrouvent rapidement leur niveau et leur constance, personne pas même un Federer en excellente forme ne seront en mesure de rivaliser.
Outre les numéros un et deux, le plus grand adversaire du Suisse est sans doute lui-même pour le reste de la saison. S’il a été plutôt épargné par les blessures pendant une quinzaine d’années, son physique lui a rappelé l’an passé ses 35 ans. Il sera difficile de tenir un an au haut niveau à cet âge, Roger Federer a donc fait et devra encore faire des impasses cette saison, afin de se concentrer au mieux pour les tournois les plus prestigieux. Réaliser des coups d’éclat comme à Melbourne ou Indian Wells de temps en temps est tout à fait imaginable, durer sur la longueur l’est un peu moins. La réussite en 2017 de Roger Federer passe donc en partie par des choix déterminants à faire.
BONUS : Avec un peu d’imagination…