
@ AFP / John Donegan
Les huitièmes de finale de l’Open d’Australie débutent dans la nuit de samedi à dimanche. Dans les deux tableaux, plusieurs rencontres de ce quatrième tour valent le détour. Sélection des cinq affiches à ne pas manquer.
Milos Raonic (n°35) – Marin Cilic (n°38) : un choc de géants
C’est un duel de grands cogneurs expérimentés et surtout en pleine forme qui animera ce huitième de finale annoncé indécis et qui pourrait bien se jouer sur les jeux décisifs.
Tête de série 32, Milos Raonic vient de remporter trois matches de rang – à chaque fois en trois sets -, une première fois depuis Wimbledon. Si ses victoires faciles face à Giustino (n°150) et Garin (n°36, plus à l’aise sur terre battue) n’ont pas forcément de quoi effrayer Cilic, Raonic vient de signer une performance XXL face à Tsitsipas. Son gros service (19 aces, 89% de points gagnés derrière sa première balle, aucune occasion de break concédée) lui a permis de renverser le sixième joueur mondial et rejoindre le Croate, qui a passé beaucoup plus de temps sur les courts. D’abord vainqueur tranquille de Moutet (n°70), Cilic a eu besoin de 3h33 et d’un super tie-break dans la cinquième manche pour se débarrasser d’une première tête de série, Benoït Paire (n°21). Au troisième tour, il a dû batailler cette fois pendant plus de quatre heures et à nouveau cinq sets pour venir à bout d’un autre très gros morceau, Roberto Bautista Agut (n°9).
Si les deux hommes disposent de caractéristiques similaires et sont très proches au classement, Milos Raonic a beaucoup moins souffert pour arriver jusqu’en huitièmes de finale ce qui pourrait être un avantage. Mais attention à l’increvable Cilic, 31 ans et finaliste à Melbourne il y a deux ans, habitué des marathons. Cette affiche ne sera peut-être pas la plus belle de la quinzaine mais une chose est sûre, ça va cogner fort sur la Margaret Court Arena.
Avantage : Milos Raonic pour sa fraîcheur physique (3h55 d’efforts en moins depuis le début de la semaine)
Ons Jabeur (n°78) – Qiang Wang (n°29) : les coupeuses de tête en route vers les quarts
C’est sans doute le huitième de finale le plus inattendu du tournoi, tableaux masculin et féminin confondus. D’où l’intérêt de se pencher sur cette curiosité opposant les bourreaux de Caroline Wozniacki et Serena Williams.
Pour son premier huitième de finale en Grand Chelem, Ons Jabeur a de quoi y croire. La Tunisienne sera opposée à une adversaire que l’on peut juger à sa portée lorsqu’on se tourne vers l’identité des joueuses qu’elle vient de sortir. Elle s’est défaite dès le premier tour de Johanna Konta (n°13) puis a enchaîné en trois sets face à Caroline Garcia (n°46). Jabeur est ensuite sortie vainqueur d’un bras de fer face à Wozniacki (n°36), lauréate du tournoi en 2018, qu’elle s’est donc chargée d’envoyé à la retraite. Il y aura face à elle une adversaire beaucoup moins connue du grand public mais sans doute toute aussi redoutable que la Danoise. Qiang Wang a déjà connu un quart de finale de Grand Chelem, l’an passé à Flushing Meadows, et a aussi franchement de quoi en envisager un deuxième. Après avoir battu les Françaises Parmentier (n°133) et Ferro (n°63), elle est entrée dans une autre dimension en sortant la légende Serena Williams (n°9) en 2h41 de jeu.
Cette année, les deux joueuses se sont déjà rencontrées à Shenzhen dans une rencontre qui a tourné court en faveur de la Chinoise : 6-0, 6-3. Nul doute que cette fois-ci ce devrait être plus disputée au regard de ce que montre Jabeur cette semaine. Surprenant sur le papier, ce huitième de finale opposera deux femmes dans la forme de leur vie avec un enjeu colossal, qui plus est dans une partie de tableau assez ouverte.
Avantage : Qiang Wang, parce qu’elle est plus expérimentée et qu’elle a une occasion unique d’aller loin en Grand Chelem
Cori Gauff (n°67) – Sofia Kenin (n°14) : une jeunesse américaine triomphante
Pendant que leur aînée Serena Williams sortait du tournoi, les Américaines Gauff et Kenin s’en allaient disputer leur deuxième huitième de finale de Grand Chelem en carrière, au cœur une partie de tableau donc plus clémente. Pour l’une d’elles, ce sera même un premier quart de finale dans quelques jours.
Sensation du dernier Wimbledon où elle avait déjà atteint la deuxième semaine, Cori Gauff confirme qu’il faudra bien compter sur elle à l’avenir. Seulement âgée de 15 ans, elle a de nouveau fait parler d’elle en écartant encore Venus Williams (n°55) au premier tour, comme sur le gazon londonien il y a quelques mois. S’en est suivi un succès sur Cirstea (n°74) mais surtout un autre fracassant sur la tenante du titre Naomi Osaka (n°4), balayée en 67 minutes de jeu.
En face d’elle, une joueuse à peine plus expérimentée. La tête de série numéro 14 a connu un parcours plus discret depuis le début de la semaine mais dont elle pourrait tirer profit. Pour en arriver là, Kenin a d’abord sorti deux qualifiées – Trevisan, 154e et Li, 142e – en ne concédant que dix jeux en tout. Puis il lui a fallu deux heures et deux manches plus accrochées pour se défaire de Zhang (n°35). De quoi commencer à se préparer sérieusement avant d’entrer dans le vif du sujet face à sa compatriote.
Outre un affrontement 100% américain, c’est surtout un duel alléchant entre deux pépites du tennis mondial qui aura de quoi égayer ces huitièmes de finale du tableau féminin. Entre l’inexpérience de ce genre de rendez-vous et la jeunesse des deux joueuses, qui montent visiblement en puissance, il sera assez délicat d’émettre clairement une favorite avant que les deux joueuses n’échangent leurs premières balles.
Avantage : Cori Gauff, parce qu’elle joue sans complexe face à des adversaires mieux classés et qu’elle peut surfer sur une grande victoire
Gaël Monfils (n°10) – Dominic Thiem (n°5) : un dernier espoir français
Ce n’est pas uniquement parce qu’il y a le dernier français en lice qu’il faudra scruter ce huitième de finale. En face de lui, un joueur mieux classé mais loin d’être injouable qui donne un peu plus de saveur à ce duel s’annonçant au moins disputé, si ce n’est équilibré.
Jusqu’ici tout va bien pour Gaël Monfils. Annoncé blessé avant la quinzaine, le dixième joueur mondial est en fait en pleine forme et tentera de rejoindre les quarts de finale à Melbourne Park pour la deuxième fois de sa carrière. Après les vétérans Lu (non classé), Karlovic (n°124) et Gulbis (n°256) qui auront servi de mise en bouche, c’est un tout autre adversaire qui se dresse sur la route du Français, par son classement comme par ses caractéristiques. En face, Dominic Thiem n’a pas encore eu non plus affaire à de très gros clients même s’il a plus peiné pour sortir Bolt (n°140) puis Fritz (n°34) après s’être débarrassé rapidement de Mannarino (n°44). L’Autrichien a l’occasion de rallier les quarts de finale de l’Open d’Australie seulement pour la première fois de sa carrière.
Là est d’ailleurs peut-être la chance de Monfils qui n’a jamais battu Thiem en cinq confrontations mais qui connaît mieux ces lieux et qui arrive en pleine bourre. Sauf que ses trois premiers tours doivent être lu différemment puisqu’il n’a affronté aucun membre du top 100 et qu’il s’opposera directement à un joueur du top 5. Il devrait y avoir quoi qu’il en soit quelques beaux échanges et une rencontre accrochée si le Français n’est pas victime d’un complexe d’infériorité alors qu’il y a aussi la perspective de jouer un quart face à Nadal.
Avantage : Dominic Thiem, parce qu’il n’a jamais perdu contre le Français, qu’il est mieux préparé et qu’il est supérieur sur le papier
Rafael Nadal (n°1) – Nick Kyrgios (n°26) : la glace contre le feu
Ces deux-là se détestent et c’est ce qui en fait une rencontre encore plus excitante. Tout oppose ces deux joueurs sur un court et on est curieux de voir si Kyrgios réussira à nouveau à faire vriller la machine Nadal.
Le numéro un mondial n’a pas encore perdu de set et n’a lâché que cinq, dix et sept jeux dans ces premiers tours, respectivement face à Dellien (n°73), Delbonis (n°76) et Carreno Busta (n°30). La voie vers une demi-finale face à Medvedev semble tracée pour Nadal mais attention à ce joueur complètement imprévisible qui l’a battu trois fois en sept confrontations, au profil et au rythme qui ne correspondent pas forcément à l’Espagnol. Sur ses douze dernières participation à l’Open d’Australie, ce dernier est arrivé onze fois en quarts de finale.
Justement, l’Australien a encore trouvé un moyen de provoquer Nadal lors de sa victoire du deuxième tour face à Simon (n°61). Kyrgios avait auparavant écarté Sonego (n°53) mais il sort surtout d’un combat de titans gagné en cinq sets, quatre jeux décisifs et quatre heures et demie face à Khachanov (n°17). Capable de battre n’importe qui sur une rencontre, le fantasque australien devra se mettre son public dans la poche, ce qui n’est pas chose aisé lorsqu’on défie Rafael Nadal, encore plus lorsqu’on s’appelle Nick Kyrgios.
Et si tout cela ne suffisait pas à convaincre de suivre cette rencontre, voyez plutôt la déclaration de l’Australien après leur dernière confrontation à Wimbledon où il a tenté de viser Nadal sur un passing : « Pourquoi je m’excuserais ? Combien a-t-il gagné de Grands Chelems, combien d’argent a-t-il sur son compte ? Je pense qu’il peut prendre une balle dans la poitrine. Je ne vais pas du tout m’excuser. Oui, j’ai joué l’homme. Je voulais le toucher en pleine poitrine”. Des mots que n’aura sûrement pas oublié l’Espagnol en entrant sur le court ce lundi.
Avantage : Rafael Nadal, pour sa constance sur une rencontre et son niveau de jeu global assez supérieur