XV de France : l’exploit, le bonus, et après ?

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Avec un nouvel entraîneur, un nouveau staff et un effectif largement repensé, le XV de France vient de battre l’Italie sans vraiment convaincre (35-22) une semaine après avoir terrassé l’Angleterre à domicile (24-17). Jusqu’où Fabien Galthié peut-il emmener ce groupe ?

Prestation explosive et victoire surprise pour commencer

Le sélectionneur du XV de la Rose, Eddie Jones, avait déclaré avant le Crunch à propos des jeunes français qu’ils « n’ont jamais été confrontés à l’intensité et la violence physique avec laquelle nous allons jouer dimanche. » Résultat, cette phrase a tellement fait échos dans les oreilles des Bleus qu’on attend toujours cette intensité annoncée. Les vice-champions du monde ont certes profité d’une fatigue générale en seconde partie de match pour aplatir deux fois par l’intermédiaire de May (57e, 65e) et semer le doute dans les têtes bleues. Mais sur le reste du match, ils ont été assez dominés par des jeunes pousses pleines d’envie et d’entrain.

Les deux essais du néo-capitaine Charles Ollivon (20e, 55e) sont le symbole d’un nouvel élan et d’une insouciance affichée. Mais l’action du match n’est sans doute pas l’un des trois essais français. Ce pourrait être ce plaquage plein de rage d’Antoine Dupont en toute fin de rencontre sur Heinz à cinq mètres de l’en-but tricolore (77e). Même si le véritable coup de génie provient sans doute d’un autre Antoine, Bouthier, et son coup de pied lumineux de 90 mètres (26e) au cœur d’une première sélection parfaite.

Mais il ne faut pas résumer la prestation du XV de France à ces gestes de classes individuels qui ne sont que l’éclat d’une excellente performance collective. Tout au long de la première heure de jeu, les Français n’ont presque rien laissé aux Anglais à part du désespoir face à une défense de fer. Si les visiteurs ont dû faire sans deux éléments de choix – Vunipola forfait pour tout le Tournoi et Tuilagi sorti après un quart d’heure – les finalistes du dernier Mondial ont été particulièrement décevants.

À l’image de leur capitaine Owen Farrell qui est complètement passé à côté et qui a par exemple choisi d’assurer un bonus défensif face aux poteaux sur la sirène plutôt que d’aller chercher un troisième essai. Cependant, le XV de France doit son succès (24-17) en majeure partie à lui-même, tant il a été juste, efficace et solide jusque dans les dernières minutes où son adversaire s’est fait beaucoup plus pressant en marquant notamment dix-sept points de rang après avoir encaissé un 24-0.

Succès trompeur et retour de la peur pour enchaîner

Une semaine plus tard, dans ce même Stade de France, l’Italie a embêté le XV de France beaucoup plus que le score final (35-22) ne peut le laisser penser. Par rapport au Crunch, Fabien Galthié avait aligné un quinze de départ similaire à l’exception de Vakatawa, touché face aux Anglais et remplacé par Vincent qui célébrait sa première titularisation. La Squadra Azurra a donc profité d’un jeu tantôt brouillon, beaucoup plus imprécis (27 plaquages manqués) et moins constant pour inscrire trois essais et rester longtemps à portée de main de ce XV de France.

Des Bleus qui s’en sont encore remis à leur capitaine, auteur d’un des quatre essais du jour (17e). Tout comme Romain Ntamack qui a marqué l’essai du bonus offensif (58e). L’essai du soulagement sera l’oeuvre de Baptiste Serin, tout juste entré en jeu et auteur d’un petit numéro individuel (73e) venu taire les intentions de l’Italie, très intéressante et dangereuse en cette fin de rencontre. Le XV de France, qui a perdu Vincent Rattez sur blessure, va pouvoir s’appuyer sur sa seconde période pour corriger ses nombreuses erreurs et travailler dur pour se rapprocher le plus possible de la performance proposée face à l’Angleterre une semaine plus tôt.

Galthié a tout changé

Après avoir passé quelques semaines à officier aux côtés de Jacques Brunel et notamment pour le Mondial au Japon, Fabien Galthié a pris les rênes de ce XV de France alors qu’il avait déjà été candidat au poste quatre ans auparavant. Il s’est entouré de spécialistes comme Raphaël Ibañez, ex-entraîneur de l’UBB, au poste de manager ou Laurent Labit, double champion de France sur le banc de Castres et du Racing 92 comme entraîneur des trois-quarts. L’Anglais Shaun Edwards a été engagé pour le secteur défensif après s’être occupé avec succès de la défense galloise pendant onze ans alors que William Servat, en charge des avants à Toulouse pendant sept ans, a donc intégré ce staff en tant qu’entraîneur des avants.

L’ancien manager du Stade Français, du MHR et du RC Toulon a décidé de passer un grand coup de balais pour sa première liste. Un choix osé mais payant sur ce qu’ont montré ses hommes sur le match d’ouverture à domicile. Ainsi, 19 des 42 appelés n’avaient jamais connu de sélection avec le XV de France avant le Tournoi et aucun joueur de cet effectif n’a plus de 30 ans. Six des quinze titulaires face à l’Angleterre n’étaient par ailleurs pas présents au Japon lors de la dernière Coupe du Monde (Marchand, Haouas, Cros, Willemse, Thomas, Bouthier). Autant dire que Galthié a tout chamboulé avec un groupe très jeune et un capitaine, Charles Ollivon, à seulement onze sélections avant le Tournoi. C’est Gaël Fickou qui fait figure de joueur le plus expérimenté du groupe avec ses 57 sélections du haut de ses 25 ans.

Une suite de Tournoi corsée 

En tête du Tournoi avec neuf points, le XV de France ira au Principality Stadium de Cardiff le 22 février prochain pour son troisième match du Tournoi face aux Gallois. Défaits en Irlande ce week-end (24-14), les bourreaux des Bleus en quart de finale du dernier Mondial ne se sont plus inclinés face à cet adversaire dans leur stade depuis dix ans, année du dernier Tournoi remporté par la France. Inutile donc de signifier que ce sera un défi colossal qui attend le XV de France, mais surtout un deuxième vrai test après la victoire très emballante dans le Crunch. Deux semaines plus tard, c’est en Ecosse que les Bleus se rendront pour une rencontre à première vue abordable.

Sauf qu’ils restent sur trois défaites de rang au Murrayfield Stadium, que ce XV du Chardon vient de tenir tête à l’Angleterre (6-13) après avoir pris le bonus défensif en Irlande (19-12) et que ces Bleus n’ont pas de quoi être pleinement rassurés après leur victoire en demi-teinte face à l’Italie. Ces derniers retrouveront ensuite Saint-Denis pour la réception de l’Irlande dans ce qui constituera le dernier match des VI Nations 2020. Qui pourrait être une finale pour le titre voire pour un Grand Chelem entre les deux équipes victorieuses de leurs deux premières rencontres. On en saura alors beaucoup plus sur ce nouveau cycle entamé par Galthié et sur les capacités réelles de cette génération moins de quatre ans avant d’accueillir la prochaine Coupe du Monde.

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