Éclairée par le sacre des Bleus en Coupe du Monde, 2018 a globalement été une grande réussite pour le sport français. Retour sur les dix événements majeurs de cette année qui restera inoubliable à plusieurs échelons. Promis, on évitera d’évoquer le tennis et le rugby.
10-23 février : Fourcade montre la voie
L’année de ses trente ans a encore été un très bon cru pour Martin Fourcade. Incontestable roi du biathlon jusqu’alors, le porte-drapeau de la délégation française a répondu présent aux Jeux de Pyongchang. Pourtant, tout avait mal débuté sur le sprint, achevé à une décevante huitième place. Le champion s’est réveillé dès le lendemain en refaisant son retard et en décrochant l’or sur la poursuite. Son individuel n’a pas non plus été réussi (5e) mais Fourcade a encore rebondi en gagnant la mass start deux jours avant de partager sa troisième médaille d’or avec le relais mixte (Dorin-Habert, Bescond, Desthieux). Sportif le plus « doré » de ces J.O, il a mené la France vers une neuvième place au tableau des médailles (5 en or, 4 en argent, 6 en bronze) avant de réaliser le Grand Chelem sur la Coupe du Monde (vainqueur du gros globe de cristal et des quatre petits globes de spécialité).
18 avril : Alaphilippe, la Wallonie avant la Grande Boucle
Sans surprise, la Flèche wallonne s’est une nouvelle fois jouée dans le mur de Huy. Mais cette année, ce n’est pas Alejandro Valverde qui en sorti vainqueur comme ce fut le cas lors des quatre dernières éditions. C’est un de ses fidèles challengers, Julian Alaphilippe, qui a enfin inscrit son nom au palmarès de la classique ardennaise après deux deuxièmes places (2015, 2016). Il s’est montré le plus costaud dans la montée finale pour remporter enfin une classique, sa plus belle victoire, au cœur de sa plus belle année. Il s’imposera plus tard sur la Classique de San Sébastien avant de briller sur le Tour. Deux très belles victoires d’étapes, une dans les Alpes et une dans les Pyrénées, et un maillot à pois ramené sur les Champs-Elysées viendront égayer une année incroyable où seuls Viviani (10) et Yates (8) auront gagné plus de courses que lui (7).
26-27 mai : Le handball français marche sur l’Europe
Les trois clubs français participants à la Ligue des Champions ont réussi l’exploit de se qualifier pour le Final Four de Cologne. Le PSG, premier de sa poule, Nantes et Montpellier, passé par des barrages avant de sortir le grand Barcelone, ont ainsi rejoint le tenant du titre du Vardar Skopje dans le dernier carré. Cette première dans l’histoire du handball a même débouché sur une finale européenne franco-française. Ce n’est pas Paris, finaliste en titre et battu par Nantes (32-28), mais bien les deux outsiders du « H » et du Montpellier Handball qui se sont disputé le titre suprême. Quinze ans après, le MHB a décroché sa deuxième étoile à l’issue d’une finale maîtrisée (32-27) pour rester le seul club français vainqueur de la Ligue des Champions. Pour la petite histoire, le PSG a terminé troisième devant les Macédoniens (29-28), offrant à la France un incroyable triplé européen.
15 juillet : Une deuxième étoile pleine de symbole

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Un mois après une entrée en lice laborieuse dans un premier tour tout aussi poussif, l’équipe de France a fait basculer son pays dans l’irréel. Exit les doutes et les critiques sur son jeu, Deschamps a emmené les siens vers une nouvelle étoile, vingt ans après avoir guidé sa troupe vers sa première Coupe du Monde. C’est dans le match complètement dingue face à l’Argentine que les premières esquisses de cette épopée sont apparues. Mbappé, Pavard puis Mbappé de nouveau, dans un collectif solidaire et face à un adversaire complètement désordonné, ont guidés les Bleus vers un quart de finale parfaitement contrôlé contre un Uruguay orphelin de Cavani. La demi-finale tendue face à la Belgique a ensuite laissée place à une finale presque tranquille, où seuls Perisic, la domination croate et Lloris auront maintenu un suspense dissipé par Pogba et Mbappé en seconde période. Cette finale de Moscou et ce titre pluvieux resteront évidemment comme l’image phare et inoubliable de cette année.
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3-9 août : Bonnet porte la natation française
À Glasgow, Charlotte Bonnet a pris part à trois des quatre médailles d’or décrochées par la France aux Championnats d’Europe. Elle faisait partie des deux relais en or mais avait surtout été sacré sur le 200m nage libre. Dès le premier soir, elle a eu l’occasion de ramener un premier titre avec le relais féminin du 4x100m, vainqueur un souffle devant les Pays-Bas. C’est ensuite sur sa distance favorite, le 200m, qu’elle a dominé tout le monde, sans surprise, de la tête et des épaules (1,77 secondes d’avance sur Heemskerk). Bonnet est aussi monté sur le podium du 100m, cette fois derrière Sjostrom et Heemskerk, quelques minutes avant d’y retourner pour récupérer son troisième titre de championne d’Europe. Avec Wattel, déjà parée d’or sur le relais femmes, Stravius et Metella, elle a nettement remporté le relais mixte 4x100m, portant à quatre son total de médailles sur le championnat. Sans Charlotte Bonnet, la France ne serait reparti de Glasgow qu’avec trois breloques, une de chaque métal.
25 août – 16 septembre : Une Vuelta à l’accent français
Comme dans les deux grands Tours précédents, aucun Français n’est monté sur le podium final mais beaucoup se sont distingués sur ce Tour d’Espagne. Dès la cinquième étape, une longue échappée a profité à Rudy Molard non pas pour gagner l’étape mais pour endosser le maillot rouge de leader du général ! L’équipier de Pinot le portera trois jours pendant lesquels le cyclisme français a marché sur l’eau. Car le lendemain, Nacer Bouhanni s’imposait au sprint devant les tout meilleurs spécialistes pour sa première victoire en grand Tour depuis quatre ans. Le lendemain, ce fut au tour de Tony Gallopin de sortir du peloton dans le final et de l’emporter au nez et à la barbe des sprinteurs ! Plus tard, Alexandre Geniez s’adjugeait aussi son étape avant que Thibaut Pinot ne sauve sa Vuelta par deux superbes victoires d’étape. Outre le suspense pour la victoire et le podium, ce Tour a offert une belle image du cyclisme français qui a fini par placer trois hommes dans le top 15 final.
16 septembre : Mayer dans l’histoire
Il avait donné rendez-vous à Berlin. Evidemment pour un titre de champion d’Europe mais aussi pour un record du monde de décathlon. Un mois après son terrible échec, trois essais mordus à la longueur synonymes de zéro puis d’abandon, c’est ensuite à Talence, dans le cadre plus confidentiel du Décastar qu’il espérait se racheter par ce fameux record du monde. Cette fois-ci, Mayer n’a commis aucune erreur pour franchir parfaitement les dix obstacles. Ainsi, un excellent 10’55 au 100m, un superbe 7,80m à la longueur, un solide 16,00m au poids, un sérieux 2,05m à la hauteur, un encouragent 48’42 au 400m, un costaud 13’75 au 110m haies, un bon 50,54m au disque, un sublime 5,45m à la perche, un massif 71,90m au javelot et, enfin, un anecdotique 4’36’11 au 1500m lui ont permis d’afficher un total record de 9126 points. Ashton Eaton gardera ses deux titres olympiques mais la légende du décathlon s’est faite dépasser par un Français qui tentera d’améliorer autant que possible ce record et d’égaler l’américain en remportant l’or olympique à Tokyo et Paris. Pour Kevin Mayer, rien ne semble décidément insurmontable.
13 octobre : Pinot roi de Lombardie
Trois jours après s’est imposé en solitaire sur Milan-Turin, petite sœur du Tour de Lombardie, Thibaut Pinot arrivait comme un favori à cette dernière classique de l’année. Au programme, 240 kilomètres entre Bergame et Côme dans une des courses les plus prestigieuses et exigeantes de l’année qui intervient en toute fin de saison. Ce jour-ci, le plus fort était incontestablement le Français de Groupama-FDJ. Après s’être échappé du groupe des favoris, rattrapé Roglic et littéralement déposé Nibali, Pinot pouvait savourer le plus grand succès de sa carrière avec une demi-minute d’avance sur l’Italien double vainqueur de l’épreuve. Laurent Jalabert, vainqueur en 1997, tient alors enfin son successeur. Pinot est devenu par la même occasion le deuxième coureur français à gagner un des cinq monuments du cyclisme au XXIe siècle après Démare sur Milan-San Remo en 2016. Historique.
18 novembre : Ogier à la poursuite de Loeb
S’il y a bien un sport où la France écrase à peu près tout le monde, c’est le rallye WRC. Loeb entre 2004 et 2012 et un autre Sébastien depuis 2012, Ogier, collectionnent les titres pilotes. À vaincre sans péril on triomphe sans gloire. Alors si le sacre de cette année a sans doute été le plus dur à aller chercher, la faute à un concurrent tenace, Thierry Neuville qui y aura cru jusqu’au bout, il n’est pas loin d’être l’un des plus beaux. Mais à l’issue d’un rallye d’Australie terminé sur un abandon, le Belge s’est encore contenté de la deuxième place du classement des pilotes pour la cinquième fois. Devant lui, c’est Ogier, pilote le plus régulier de l’année – dix fois sur treize dans le top 5 – qui a célébré son sixième titre de rang notamment grâce à quatre victoires au volant de sa Ford Fiesta (Monte-Carlo, Mexique, France, Grande-Bretagne). De son côté, Loeb, qui s’est offert un peu de rab cette année et gagné le rallye de Catalogne, voit dangereusement son ancien collègue de Citroën revenir à trois titres de son record. Avec son fidèle copilote Julien Ingrassia, Sébastien Ogier, 35 ans, peut encore aller chercher son aîné nonuple champion du monde des rallyes.
16 décembre : Championnes du monde hier, championnes d’Europe aujourd’hui
Une équipe de France de handball qui gagne, cela n’arrive plus qu’aux hommes. Un an après un magnifique sacre mondial qui avait suivi une médaille d’argent olympique, les Bleues avaient donné rendez-vous à leur public. Le match d’ouverture de l’Euro et la défaite face à la Russie (23-26) n’avait pourtant pas forcément de quoi rassurer mais seule la Suède parviendra ensuite à tenir en échec ces Françaises survoltées. À Bercy, elles ont terrassé les Pays-Bas en demi (27-21) avant de retrouver les Russes pour la grande finale. Cet adversaire bourreau des Bleues à Rio en 2016 n’a cette fois pas trouvé les ressources pour faire chuter ou douter ces Bleues. Celles-ci n’ont pas même été atteintes par le carton rouge sévère de Pineau qui a eu pour effet de booster les joueuses et la salle entière. Devant tout au long de la seconde période, la France n’a jamais vraiment tremblé pour remporter enfin ce titre de champion d’Europe qui prend à domicile une saveur encore meilleure que leur triomphe mondial. Cette séduisante équipe de France peut d’ores et déjà se tourner vers les olympiades de Tokyo dans deux ans et Paris dans six ans où elle est déjà qualifiée.