Interview : Trois professionnels nous font découvrir le Seven !

Ils s’appellent Jonathan Laugel, Julien Candelon et Marjorie Mayans. Tout trois font partie des équipes de France de rugby à 7 et ont participé cet été aux premiers Jeux Olympiques de leur sport.

Pour Résultats Sportifs, ils parlent de cette discipline nouvelle, des Jeux Olympiques ou encore de la médiatisation du rugby à 7 dans cet entretien. 

Qu’est-ce qui vous a donné envie de pratiquer ce sport ? Pourquoi le rugby à 7 ?

MARJORIE MAYANS : « Cela n’a pas été un choix dès le début. J’ai été sélectionné à un premier stage et j’avais un profil plutôt de quiniziste et mon choix était largement orienté vers le rugby à 15 mais ma passion pour le rugby à 7 s’est un peu dévoilée au fil des tournois et des années. J’ai pu faire quelques sélections et stages avec l’équipe de France et au fur et à mesure m’est venu ce goût pour ce sport qui est très intense. »

JULIEN CANDELON : « J’ai voulu pratiquer le rugby parce que mon père et mes copains y jouaient. J’ai donc commencé très tôt, à l’âge de 8 ans. J’ai choisi le rugby à 7 car il incarne tout ce que je j’aime dans le rugby, c’est à dire la vitesse et les espaces. »

JONATHAN LAUGEL : « J’ai choisi de faire du rugby à 7 car c’est un sport qui m’a toujours attiré, au niveau de la vitesse, de la technique et de la condition physique qu’il requiert. C’est tous les jours un challenge d’être rugbyman à 7, car les entraînements sont intenses, mais c’est ce qui me plaît. »


Quel souvenir garderez-vous des Jeux Olympiques ?

M.MAYANS : « Même s’il est loin d’être un bon souvenir, je retiens la défaite contre le Canada. C’est un mauvais souvenir mais il nous aidera pour la suite du rugby féminin, à vouloir travailler plus et progresser davantage pour espérer faire partie des meilleures dans les années à venir. »

J.CANDELON : « Lors de l’attente dans le tunnel du Maracaña avant de pénétrer dans l’enceinte, tous les athlètes se sont mis à chanter la Marseillaise dans le noir, éclairés par les téléphones qui filmaient ce moment magique. Cela m’a donné la chair de poule. »

J.LAUGEL : « La première fois que je suis entré sur le terrain de Deodoro en tant que joueur, je devenais alors Olympien, magique ! »


Comment était l’atmosphère à Rio ?

M.MAYANS : « Pour nous, c’était très spécial, on est d’habitude plutôt très habitué à rester entre personnes du rugby. Il y avait une ambiance assez conviviale et très studieuse, c’était très agréable de côtoyer tous les sportifs français. »

J.CANDELON : « L’atmosphère était bonne pour cette immense compétition avec d’immenses athlètes et un état d’esprit collectif sportif. »

J.LAUGEL : « Chaleureuse, festive et vraiment électrique ! »



Qu’est-ce qui a changé pour vous depuis votre retour en France ?

M.MAYANS : « On a tous pris un mois de vacances pour récupérer. On n’a qu’une envie après avoir connu les Jeux Olympiques et d’y avoir fait un résultat, c’est de travailler pour y retourner pour réaliser un meilleur résultat. »

J.CANDELON : « Pas grand chose à vrai dire, si ce n’est le fait que le rugby à 7 a été très regardé et apprécié. On croise donc des gens émerveillés par cette découverte de la discipline. Après la baguette reste à 1€… »

J.LAUGEL : « Nous restons les mêmes, nos proches sont heureux de nous voir et nous sommes fiers de pouvoir partager ce moment formidable avec eux. »


Pensez-vous que les Jeux vont apporter tout de suite un coup de projecteur sur le Seven ?

M.MAYANS : « J’espère que oui puisqu’on a eu des retours plutôt positifs de la part des téléspectateurs. Je pense que le sport a plu à ceux qui n’était pas forcément amateurs mais qui sont tombés dessus pendant les Jeux. Le rugby à 15 est implanté depuis de nombreuses années et c’est celui qui domine, avec le football, les sports collectifs en France. Le rugby à 7 doit aussi avoir sa place au côté du rugby à 15. »

J.CANDELON : « Je pense que le rugby à 7 a franchi deux étapes importantes cette saison en France. La première avec le tournoi de Paris, la deuxième aux JO. Ces deux moments ont été un énorme coup de projecteur et je pense que cela a très bien contribué à la popularité du 7. Maintenant ce sont encore nos résultats qui maintiendront les gens intéressés. »

J.LAUGEL : « Il me semble que le rugby à 7 est en pleine progression depuis un an maintenant, les JO représentent un vecteur de développement et nous verrons dans quelques mois si cela a porté ses fruits. »


Le rugby à 7 est très spectaculaire et physique, comme les téléspectateurs ont pu le découvrir en août. Alors selon vous, pourquoi le rugby à 15 est-il plus médiatisé ?

M.MAYANS : « Il n’y a ni de clubs ni de championnats de rugby à 7. Pour l’instant, il y a seulement l’équipe nationale même si cela commence à se développer avec un petit championnat féminin qui se déroule sur deux jours. Le rugby à 7 est très méconnu en France et avec plus de médiatisation et de meilleurs résultats, le sport devrait réussir à s’implanter assez rapidement sur le territoire. »

J.CANDELON : « Parce qu’il est le plus pratiqué, plus ancré dans le paysage. Le rugby à 7 est plus moderne et ne touche pas forcément le même public. Le Seven c’est la fête, le spectacle, la folie. Et tout le monde ne se prête pas forcément à cela. Certaines phases sont moins bataillées comme les rucks, la mêlée la touche. Les plaquages ne sont pas aussi spectaculaire qu’à 15 du fait des espaces donc c’est moins la boucherie, ce qui peut moins plaire aux puristes… »

J.LAUGEL : « Le rugby à 15 est plus médiatisé car c’est un sport qui fait partie de l’histoire de certains pays, il est rentré dans les mœurs et coutumes. En revanche, le rugby à 7 est un sport jeune qui doit se créer une identité au fil des pays qu’il va séduire. »


Quel est le quotidien d’un professionnel du rugby à 7 ?

M.MAYANS : « Les journées varient entre deux et quatre entraînements par jour (musculation, technique, vitesse, endurance, jeu). Nous n’avons pas une vie très stable mais nous avons la chance de voyager partout même si le temps pour se poser est très réduit. L’année dernière était particulièrement chargée avec les Jeux, y compris en émotions. »

J.CANDELON : « Le même que le quotidien d’un professionnel de rugby à 15. Nous nous entraînons tous les jours à Marcoussis le matin et l’après midi, et sommes à l’étranger pour jouer nos compétitions mondiales et européennes. »

J.LAUGEL : « Entraînements quotidiens, à haute intensité. Nous faisons de la musculation, de la course et du rugby ! »


Quelle relation existe entre les hommes et femmes du Seven ?

M.MAYANS : « Quelques tournois se déroulent au même endroit, notamment à Dubaï où l’on se côtoient. Dès que l’on peut, nous allons voir les matchs des uns et des autres. Il y a une très bonne entente entre les garçons et les filles du Seven. »

J.CANDELON : « Nous n’avons pas le même calendrier ni la même planification, mais il arrive que nous nous croisions au CNR. Nos relations sont bonnes, on discute souvent pour échanger nos points de vues et expériences. »

J.LAUGEL : « Nous les côtoyons régulièrement car nous nous entraînons au même endroit. »


Que pouvez-vous dire pour donner envie aux gens de pratiquer ce sport ?

M.MAYANS : « Pour moi, tout ce que j’aime dans le rugby à 15, je le trouve à 7 : les intervalles, les plaquages, les passes, tout les points forts du 15 sont multipliés par 10 dans le rugby à 7. »

J.CANDELON : « Je peux vous dire que lorsque vous jouez à 7 vous avez 100% de chances de participer à toutes les actions et du coup ça justifie l’entraînement et le dépassement de soi. Ce sport est extra car il vous donne des émotions en permanence. »

J.LAUGEL : « Comme je le disais, c’est à chaque fois un challenge d’être rugbyman à 7, car il n’y a pas d’économie. »


Avez-vous pensé à votre reconversion ?

M.MAYANS : « Je suis actuellement étudiante, j’ai un Master 1, il me reste à valider un Master 2 pour pouvoir passer des concours et trouver un travail après ma carrière. L’année dernière j’ai laissé tomber le Master 2, c’était beaucoup trop dur et dense. J’espère pouvoir valider mon cycle cette année. »

J.CANDELON : « Oui j’y pense depuis longtemps et j’y travaille au quotidien mais je ne peux pas encore en dire plus… »

J.LAUGEL : « Oui, je suis actuellement en stage dans l’entreprise Reprotechnique. Ce stage rentre dans le cadre de mon Master à l’EM Grenoble. Je prépare le plus sérieusement possible l’après-rugby, afin de m’assurer une reconversion réussie. »


Un grand merci à ces trois champions pour leur disponibilité et leur gentillesse, et bon courage pour la suite !

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