L’équipe de France ouvre le Tournoi des Six Nations 2016 ce week-end, avec une confrontation face à l’Italie. Depuis la Coupe du Monde, le XV de France a beaucoup changé et entre maintenant dans une nouvelle ère, sous la tutelle de Guy Novès.
Une page se tourne
On les avaient laissés le 17 octobre, après un échec cuisant face aux All Blacks en quart de finale du Mondial anglais. Depuis, les Bleus se sont reconstruits, en faisant face aux retraites internationales de grands noms, au départ de Philippe Saint-André à la tête du XV tricolore, à l’arrivée de son successeur Guy Novès et de la nouvelle génération de joueurs.
La déroute face à la Nouvelle-Zélande a conclu de manière brutale (62-13) l’aventure de cinq joueurs emblématiques des Bleus : Michalak, Papé, Dusautoir, Mas, Szazewski. Ces derniers ont achevé en Angleterre une ère commencée il y a dix ans, ou quinze pour les plus anciens. Cette génération avait atteint son apogée en 2011, avec une finale de Coupe du Monde perdue, déjà face aux All Blacks. Le XV de France était alors passé tout proche du sacre ultime, ne s’inclinant que d’un petit point (8-7)… Un joueur plus particulièrement manquera à cette équipe, l’éternel capitaine Thierry Dusautoir. Depuis 2006, il était devenu indispensable à la France, avec laquelle il a porté le maillot à 80 reprises, dont 56 fois en tant que capitaine. Il va falloir sans doute un peu de temps pour s’habituer à ne plus voir ce garçon porter le coq, lui qui a été si important aux Bleus ces derniers temps, dans les bons comme les mauvais moments que la France a traversé ces quatre dernières années. Avec le départ de l’emblématique capitaine et de quatre de ses compères, une page se tourne.
Un des rares points positifs de tous ces départs en cascade, c’est la fin de l’ère Saint-André. L’ancien sélectionneur a connu un mandat catastrophique, où la France a terminé trois fois du Tournoi quatrième, et une fois sixième… Les chiffres parlent d’eux-même, en voici quelques uns. 44% de victoires, 20 points encaissés par match, 1,7 essai marqué par match, 5 places perdues au classement IRB… Personne n’avait fait pire sur le banc du XV de France. Mais alors pourquoi est-il allé au bout de son mandat après des résultats médiocres ? Car il avait des joueurs avec le potentiel et la capacité de briller partout, mais PSA a mal géré son effectif.
Focus sur la nouvelle génération
Avec les néo-retraités et les blessés, Guy Novès n’avait d’autres choix que de sélectionner de jeunes joueurs inexpérimentés mais prometteurs. L’effectif français est très jeune, les nouveaux ont à peine plus de vingt ans mais déjà beaucoup de talent. Dans le groupe des 31 convoqués pour préparer la réception de l’Italie, 10 joueurs n’ont jamais porté le maillot tricolore ! Et quatre d’entre eux seront même titulaire face aux Italiens : Paul Jedresiak, Sébastien Bézy, Jonathan Danty et Virimi Vakatawa. Ce dernier n’est même pas professionnel en rugby à XV, il est surtout international de rugby à VII et disputera les JO cet été. Cela fait depuis décembre 2013 qu’il n’a joué de match en rugby à XV ! Le choix de le titulariser est risqué mais osé, quand on connaît la différence entre le jeu à sept ou quinze. Titulaires dans leurs équipes respectives du Top 14, les petits nouveaux seront plongés dans le grand bain ce samedi, même si l’opposition face à l’Italie est la plus abordable du Tournoi. On pourrait presque appeler cette rencontre un test, pour préparer les confrontations face aux meilleurs européens. Mais attention tout de même à la Squadra Azzura qui a battu la France à deux reprises ces cinq dernières années. Pour ce premier match de l’année 2016, la France fait confiance à ces jeunes, qui s’appuieront sur leur fougue et leur insouciance pour faire lever le Stade de France dans un premier temps. Les quatre nouveaux joueront leur va-tout et n’auront rien à perdre, c’est avec intérêt qu’ils seront suivis de près …
La direction de la FFR semble avoir fait le bon choix en recrutant Guy Novès au poste de sélectionneur du XV de France. Les tricolores pourront s’appuyer sur son expérience, lui qui a été joueur puis entraîneur au Stade Toulousain, où il a passé près de quatre décennies ! Âgé de 62 ans, Novès était taillé pour un jour reprendre en main l’équipe de France. Il est déjà plus à l’aise en communication que son prédécesseur, on sent sa détermination et son autorité naturelle lorsqu’il s’exprime. Passer après Saint-André, ce n’est pas le rôle le plus ingrat et il sera difficile pour lui de faire pire… Mais il reprend un XV de France en mille morceaux, qu’il doit reconstruire, et les travaux s’annoncent longs et difficiles. Après ces quatre années pénibles, le staff a besoin de temps pour refaire une vraie équipe, capable de remporter le Tournoi et de rivaliser avec les cadors mondiaux. Pas de panique donc, si la France ne gagne pas le Tournoi tout de suite, il faudra certainement patienter encore pour voir la France à son meilleur niveau. Pour mettre en place son projet, Guy Novès a besoin de temps et d’envie, et la France redeviendra compétitive à n’en pas douter.