
@ S.Thomas / AFP
Toujours en quête d’une qualification pour la Ligue des Champions, l’Olympique de Marseille semble bien parti et bâti pour décrocher ce fameux ticket pour la première fois depuis la saison 2012-2013. Les récentes victoires face à Lille, Lyon ou Brest ont dressé le tableau de ce que l’OM est capable de faire pour terminer dans les trois premiers du championnat.
Un départ (presque) en fanfare
Dans un championnat très homogène ou l’écart entre le deuxième et le dernier est presque aussi élevé que celui entre le leader et son dauphin, l’OM ne réalise pas un exploit en talonnant de loin le PSG. Mais dans le marasme de la Ligue 1 et au milieu de grands clubs supposés qui déçoivent, les Marseillais sortent du lot. Si l’on ferme les yeux sur leur nouvelle déroute au Parc des Princes (0-4) et leur indigne élimination en feu Coupe de la Ligue trois jours plus tard à Monaco (1-2), c’est un début de saison très intéressant pour le club et son nouvel entraîneur, d’autant plus lorsqu’on se penche sur son effectif très condensé. Nice, Saint-Etienne, Monaco, Lille et Lyon sont déjà sur le tableau de chasse des Olympiens, qui restent sur quatre succès de rang et désormais sérieux prétendants à la deuxième place synonyme de qualification directe pour la prochaine Ligue des Champions.
Tout pour le championnat
Cinquième du championnat la saison passée, l’OM – alors largué à onze points du podium – ne s’était même qualifié pour la Ligue Europa. Cette catastrophe sur le papier s’avère finalement être un mal pour un bien et il ne faut pas remonter bien loin pour s’en apercevoir. En première partie de saison 2018-2019, les Phocéens s’écroulent en phase de poule de C3 (5 défaites et 1 nul). Une débâcle européenne qui aura surtout affaiblit l’équipe moralement et physiquement en plus d’avoir très peu apporté économiquement au club. Cette saison, l’OM est très loin de ces soucis et peut se concentrer à 100% sur le championnat alors qu’il est déjà sorti de la Coupe de la Ligue et qu’il entrera en lice en Coupe de France début janvier.

@ F.Speich / La Provence
Du coup, l’effectif certes assez court mis à disposition de Villas-Boas pourrait suffire s’il s’agit de jouer sur un seul tableau. Pour ne rien arranger à un groupe déjà peu fourni, l’OM a été privé par suspension de Payet pour 4 matches et de Kamara pour 3 matches, ainsi que d’Alvaro pour un total de 6 rencontres (blessure et suspension) sans oublier la longue blessure de Thauvin, qui n’a joué qu’un bout de match en août et devrait retrouver la compétition en février prochain. Du coup, l’entraîneur portugais a dû bricoler à plusieurs reprises en particulier en défense centrale. Cela a permis par exemple à Lucas Perrin de débuter avec son club formateur, et même aux côtés de son ancien compère du centre de formation Boubakar Kamara face à Toulouse le 24 novembre dernier (2-0).
Villas-Boas, l’anti-Garcia
Justement, André Villas-Boas se montre beaucoup plus généreux avec les jeunes du club que l’ancien coach marseillais. Par obligation, puisqu’il doit donc composer avec un effectif limité et de nombreuses absences, mais aussi par confiance envers ses Minots. Kamara (20 ans, 13 matches cette saison) est incontestablement le premier défenseur central de l’équipe dans la hiérarchie, Perrin (21 ans, 5 matches) a déjà été titulaire quatre fois à ce poste, Aké (18 ans, 5 matches) était titulaire en pointe à Monaco en coupe et est rentré plusieurs fois en fin de rencontre en Ligue 1 tout comme Chabrolle (21 ans, 1 match) et la pépite Lihadji (17 ans, 2 matches) qui tarde toutefois à signer pro et qui pourrait bientôt quitter le club. Sans même parler de Maxime Lopez (22 ans, 13 matches), installé dans l’équipe par Garcia et naturellement titulaire au milieu de terrain olympien.
Ce nouvel état d’esprit s’accompagne d’une cohésion dans le vestiaire entre le jeune entraîneur (42 ans) et les joueurs, ce qui va évidemment avec la dynamique des résultats actuels. L’ancien coach de Porto et de Tottenham fonctionne donc différemment de son prédécesseur et notamment dans sa communication. Avant le choc face à l’OL, Dimitri Payet avait dit de Villas-Boas que par rapport à Garcia, son entraîneur actuel « parle avec son coeur, dit les choses, parle français et n’essaye pas de faire de la langue de bois ». Le contraste entre AVB et le nouvel entraîneur lyonnais paraît effectivement assez fort. Cela se retrouve dans les déclarations d’après-match, comme celle après la défaite à Amiens (1-3) début octobre : « J’ai la responsabilité de la défaite. Je dois trouver plus d’équilibre offensif et défensif pour gagner des matches ». S’il est encore loin d’être un maître en communication, il sait reconnaître ses erreurs et protéger ses joueurs quand il le faut.

@ Icon Sport
André Villas-Boas a aussi apporté un nouvel enthousiasme au Vélodrome qui avait un peu perdu cette étincelle ces dernières saisons malgré l’épopée européenne de 2017-2018. À domicile, les Olympiens ont déjà battu Saint-Etienne, Lille et Lyon et sortent d’une rencontre assez dingue ce vendredi soir face au Stade Brestois. Ils ont fait preuve d’une rage rare ces dernières années, en frappant notamment 34 fois au but et en montrant une nouvelle fois une force de caractère qui colle à la peau de cette équipe. Ultras dominateurs toute la rencontre, ils se sont fait rejoindre au score dans les derniers instants mais sur le coup d’envoi suivant, l’entrant Radonjic s’en allait trouver magistralement la lucarne bretonne. Après plus d’un an décevant, le Serbe semble avoir enfin trouver le déclic alors que cette saison, les recrues se sont mis en évidence beaucoup plus rapidement.
Un recrutement fructueux
Pour pallier les départs majeurs de Gustavo, Ocampos, Rami ou encore Balotelli, l’OM a signé ce qu’il a pu, c’est-à-dire seulement trois joueurs. Mais Alavaro Gonzalez, Dario Benedetto et Valentin Rongier se sont tous les trois illustrés depuis la fin de l’été.
S’il n’a pris part qu’à sept rencontres depuis qu’il est au club, le premier nommé s’est toujours montré solide et impérial derrière, même contre Lyon (2-1) où il a été expulsé. En très peu de temps, la grinta de l’Espagnol a plu aux supporters marseillais qui réclament ce genre de guerriers dans leur équipe. Même registre dans un autre poste où la maladresse de Mitroglou et la nonchalence de Balotelli ont été gommé par la présence de Benedetto. Venu de Boca Juniors, le Vélodrome est loin de l’effrayer et sa rage constante associée à une certaine efficacité (6 buts) offrent pour l’instant un beau mariage avec le club olympien. En quelques semaines, il s’est montré indispensable aux yeux de son entraîneur qui, une fois de plus, n’a pas pléthore de solutions de rechange à ce poste. Pour preuve, il est l’un des trois seuls joueurs (avec Mandanda et Sarr) à avoir disputer chaque rencontre de championnat cette saison.
Enfin, Valentin Rongier a mis du temps avant de s’installer mais il est déjà indispensable à son équipe. Que cela soit pour son transfert chaotique achevé le lendemain de la clotûre du mercato ou pour sa place de titulaire à l’OM. L’ancien capitaine nantais a débuté sa première rencontre avec Marseille le 29 septembre face à Rennes mais depuis, il n’a plus quitté le onze de départ olympien. Dans un style complètement différent, il offre une véritable alternative à Gustavo et se complète pour le moment plutôt bien à Sanson, Lopez et Strootman lorsqu’il ne pousse pas le Néerlandais sur le banc. Si ces trois recrues poursuivent leur montée en puissance et continuent à tirer dans le même sens des cadres souvent défaillants la saison passée (Mandanda, Amavi, Sarr, Germain), alors peut-être que l’Olympique de Marseille ne se contentera plus de rêver de grandeur et rejouera la plus belle des coupes d’Europe.