Le tennis masculin français peut à nouveau sourire. Depuis le début de l’année, une éclaircie semble en effet traverser tour à tour Pouille, Tsonga, Monfils mais aussi Herbert ou Humbert. Les années de désespoir sont encore très proches mais pourraient être vite balayées par une continuité dans les très bons résultats actuels.
La Monf à donf
Huitième joueur à la Race, et même si la saison ne fait que commencer, Gaël Monfils semble connaître un second souffle en 2019. Il vient de vivre une série de huit victoires de rang et pas grand monde ne semble pouvoir le freiner. Il a semble-t-il retrouvé ses jambes de vingt ans, mais pour combien de temps ? Après un Open d’Australie décevant (élimination au deuxième tour face à Fritz, 50e mondial) et une demi-finale disputée à Sofia, c’est à Rotterdam qu’il a réellement lancé sa saison. S’il s’était offert Tsitsipas (12e) la semaine précédente, Monfils a mis à terre Goffin (21e) avant de notamment prendre sa revanche sur Medvedev (16e) et battre Wawrinka en finale pour décrocher son huitième titre sur le circuit principal. Ces 500 points lui ont fait gagner dix places au classement mais il ne va pas s’éterniser à la 23e position puisque son parcours à Dubaï lui permettra de retrouver le top 20, plus d’un an et demi après sa dernière apparition. Le Français y a renversé Cilic (5e) avant de s’incliner face à Tsitspas au bout d’un immense combat de trois heures, qui n’atténue pas toutes les promesses et l’espoir qui pèsent en lui.
Pouille enfin lancé ?
On ne l’a plus aperçu sur un court depuis une défaite surprise au premier tour du tournoi de Montpellier face à Baghdatis (128e). Mais Lucas Pouille, ensuite touché par un virus depuis et qui fera son retour à Indian Wells, a sorti un Open d’Australie sensationnel. Enfin, surtout à partir des huitièmes de finale, alors que ses trois premiers tours étaient relativement abordables (Kukuskin, Marterer, Popyrin). Borna Coric, 12e joueur mondial, n’aura pu qu’arracher la première manche au jeu décisif face à un Pouille métamorphosé qui brisera le géant Milos Raonic (17e) en quarts et aussi en quatre sets.

@ Reuters
On tâchera d’oublier vite sa première demi-finale en Grand Chelem et ses quatre petits jeux marqués face à un Djokovic sur une autre planète à Melbourne. Il reste maintenant à savoir si ce parcours détonant restera comme un nouveau coup d’éclat sans lendemain ou comme un réel envol de sa carrière. À 25 ans, il serait tout de même temps que l’espoir du tennis français moderne confirme enfin tout le bien qu’il peut parfois montrer sur les courts.
Herbert – Humbert, trajectoires opposées
Il y en a deux qu’on avait moins vu venir mais qui connaissent aussi un gros début d’année. Vainqueur à Melbourne avec Mahut de son quatrième Grand Chelem en double pour compléter sa collection, Pierre-Hugues Herbert pourrait bien se focaliser sur le simple prochainement. Car à 27 ans, il n’a jamais semblé en meilleure forme et paraît encore capable de progresser. Début janvier, il s’était offert Thiem (8e) mais s’est surtout montré à Montpellier où il a rejoint la finale en battant en autre Shapovalov (25e) ou Berdych. Après une longue période de stagnation, sa carrière a pris un tournant en ce début d’année, son classement peut en témoigner. Sans le double, une grande progression et un premier trophée sont largement envisageable cette année pour « P2H » qui semble en tout cas en phase de décollage.
De son côté, Ugo Humbert arrive tout juste sur le circuit mais ses débuts sont prometteurs. Quelques semaines après un premier tour d’Open d’Australie épique face à Chardy (défaite au jeu décisif de la cinquième manche), il a remporté son quatrième tournoi Challenger avant de se révéler lors de l’ATP 250 de Marseille. Le Messin de 20 ans fait alors chuter Gulbis et Coric en deux sets mais bute sur Kukushkin aux portes de la finale. Son beau parcours l’emmène vers la 63e place mondiale et un futur qui peut s’annoncer radieux, même si avec les espoirs français, il ne faut jamais s’emballer…
Tsonga toujours debout
Miné par les blessures l’an passé (seulement douze matchs disputés), Jo-Wilfried Tsonga retrouve peu à peu ses sensations même s’il reste fragile. Son début de saison correct a été récompensé par un titre à Montpellier, son dix-septième en carrière. Pour cela, il a notamment écarté quatre Français plutôt en forme (Humbert, Simon, Chardy, Herbert) et, s’il n’a pas joué de top 30, peut prendre ce titre comme un premier départ à son retour. Le 118e joueur mondial a encore du chemin pour retrouver les sommets, d’autant plus qu’une maladie l’empêche d’être à 100% après de longs déplacements. Tsonga fera ainsi l’impasse sur Indian Wells mais va récupérer mécaniquement des points et des places après la tournée américaine et avant la saison sur terre battue. Roland-Garros pourrait bien être l’occasion de le revoir au très haut niveau chez lui et sous les yeux du grand public. D’ici là, il a l’occasion de retrouver un classement décent et une pleine confiance en soi.