Alors que les maîtres de la petite balle jaune se disputent en ce moment le titre suprême à Londres, Stefanos Tsitsipas vient de remporter le Masters dédié aux meilleurs jeunes. Mais ce titre pourrait simplement être anecdotique tant le 15e joueur mondial semble armer pour bousculer l’élite du tennis mondial.
Acte I, la révélation
La carrière du jeune grec a débuté en 2017 sur le circuit principal et fut d’abord marquée par des éliminations au premier tour et deux passages éclairs en Grand Chelem. Mais à la faveur de deux nouvelles finales en Challenger (une victoire) et une demie en ATP 250, après avoir battu Goffin (10e), Tsitsipas s’est retrouvé à 19 ans dans le top 100 mondial il y a tout juste un an. Depuis, l’ascension du meilleur joueur grec de l’histoire (déjà !) est assez fulgurante et vraisemblablement loin d’être terminée.
Après un début de saison sur la pointe des pieds dans la cour des grands (6 victoires en 9 tournois), il s’est révélé à Barcelone en avril dernier. Le 63e mondial remporte alors ses cinq premiers tours sans perdre la moindre manche et écarte notamment Schwartzman (17e), Carreno Busta (11e) ou Thiem (7e). Si le maître des lieux Rafael Nadal ne lui pas fait de cadeau pour sa première grande finale (6-2 6-1), sa semaine catalane aura lancé une saison pleine de promesses.

@ Reuters
Dans la foulée, Tsitsipas s’est par exemple offert Anderson (8e) même s’il a ensuite manqué de régularité (une demi-finale en six tournois), ce qui est bien normal vu son âge et son inexpérience à ce niveau. Sans résultat éclatant, il a grappillé petit à petit des places au classement ATP jusqu’à devenir 35e mondial et tête de série à Wimbledon, après avoir eu le malheur de tomber sur le finaliste Thiem dès le deuxième tour de Roland-Garros. Le Grec a fait honneur à son statut en atteignant les huitièmes de finale mais sans avoir dû battre de joueur du top 50. Après un début d’année encourageant, le Grand Chelem londonien a sonné comme le décollage du prometteur Stefanos Tsitsipas.
Acte II, l’envol
Dans la foulée de Wimbledon, il s’est à nouveau invité en demi-finale d’un ATP 500 (Washington) après avoir encore sorti un joueur bien classé, à nouveau David Goffin (11e). Mais tout cela était avant sa meilleure performance de l’année et de loin. Lors du Masters 1000 de Toronto, la pépite balaye tout sur son passage pour arriver jusqu’en finale. Cinq joueurs mieux classés que lui ne trouvent pas la solution pour s’en défaire : Dzumhur (24e), Thiem (8e) pour la deuxième fois de l’année, Djokovic (10e), Zverev (3e) et à nouveau Anderson (6e), cette fois-ci au bout du suspense.
En finale, le numéro un mondial espagnol de l’époque lui prive encore de son premier titre en le battant sur un score moins sec (6-2 7-6), le jour de ses 20 ans. Le cadeau attendra quelques mois supplémentaires. En une semaine, Tsitsipas se sera offert plus de top 10 que depuis le début de sa carrière et la déception de ce nouveau revers face à Nadal a certainement été atténué par les souvenirs de cette semaine mémorable.

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Désormais classé à la quinzième place mondiale, il pouvait aborder la dernière partie de saison plein de confiance, d’énergie mais aussi de pression. Ainsi, les premières semaines post-Canada n’auront pas été les plus goûteuses de l’année. Sur les six tournois suivants, les quarts de finale n’auront été atteints qu’une seule fois et l’échec à Flushing Meadows dès le deuxième reste décevant face à Medvedev (36e), un adversaire malgré tout prometteur lui aussi. Après Shanghai et avant Paris, arrive alors le tournoi assez confidentiel de Stockolm en ATP 250.
Tête de série numéro trois et auteur d’un parcours sans faute, il s’offre le premier titre de sa carrière sur le circuit principal pour sa troisième finale. L’élimination prématurée à Bercy oubliée, Tsitsipas arrive alors à Milan en grand favori pour la deuxième édition des ATP Next Gen Finals. Et après cinq victoires en autant de rencontres, il a remporté ce tournoi expérimental, aux règles loufoques mais non sans intérêt, mettant aux prises en format Masters les meilleurs joueurs de moins de 21 ans. Pour conclure sa saison de belle manière et symbolisant cette nouvelle génération capable de tout.
Acte III, la confirmation ?
Avec un peu plus de régularité dans les résultats, nul doute que Tsitsipas pourrait frapper à la porte du top 3 dans les années à venir. Car en plus d’être capable de réussir des coups d’éclat n’importe quand et sur n’importe quelle surface, il est aussi capable de s’écrouler contre des adversaires bien plus modestes. Pour exemple, il a subi cette année la moitié de ses défaites (15 sur 30) face à des joueurs moins bien classés. Par son caractère et son niveau de jeu très variable, ce qui n’est pas encore inquiétant vu son âge, ses matchs ont le mérite d’être rarement ennuyants, il se passe toujours quelque chose quand le Grec est sur le court.
Même si le potentiel est là, Tsitsipas devra cravacher pour s’installer durablement dans le top 10 car il y a du monde au monde au portillon. À commencer par la nouvelle génération de joueurs qu’il incarne parfaitement : Khachanov, Coric, Edmund, Medvedev, Chung, De Minaur… Le plus dur n’est pas d’atteindre les sommets, mais d’y rester, alors réaliser une grosse performance tous les trois mois ne suffira plus. L’autre clé pour connaître la gloire sera de canaliser son énergie débordante, venant d’un service très performant, une puissance épatante dans le jeu et un revers à une main en arme fatale. Tous ces éléments réunis couplés à un mental d’acier ne devrait plus faire de Tsitsipas un espoir pour encore très longtemps.