Le début de saison catastrophique que vit l’AS Monaco ne s’explique pas seulement par les nombreuses blessures qui l’ont frappé. Le retour progressif de tous ses éléments fera du bien à n’en pas douter mais suffira-t-il seulement à remettre le club dans le droit chemin ?
En retard au classement, à la traîne sur le terrain
Après huit petites journées, le retard de l’AS Monaco sur le Paris Saint-Germain est déjà abyssal : dix-huit points ! Même si les Parisiens jouent dans une autre catégorie et semblent hors d’atteinte, l’ASM laisse tout de même s’échapper Marseille et Lyon, pointés à sept et huit longueurs. Avec un LOSC dauphin du PSG et en grande forme, le podium semble aujourd’hui plus que jamais inaccessible pour les barragistes du championnat. À titre de comparaison, ces derniers occupaient le deuxième rang l’an passé à pareille époque, trois unités derrière le champion de France parisien.
Mais le classement n’est évidemment pas le seul aspect inquiétant que dégage cet AS Monaco. Sur le terrain, ce n’est pas une équipe candidate au podium qui se présente chaque week-end. L’intensité n’y est pas, ou alors de façon que trop ponctuelle, et seul l’entraîneur ne semble pas résigné lorsque les siens sont menés ou en souffrance. Lors de la défaite à domicile contre Angers, peu de joueurs avaient semblé être concernés, même menés au score. Cette absence de réaction, alors même que tout le monde est conscient de la situation préoccupante, se concrétise sur des statistiques offensives inhabituelles : seuls 8 buts ont été marqués par l’ASM en 8 matchs de championnat (17e total).
Jardim ne peut plus faire de miracles
Chaque année, le club s’affaiblit plus qu’il ne se renforce, cela fait parti de la politique de l’AS Monaco. Les dirigeants vendent leurs joueurs les plus prometteurs ou cotés (Martial, Mbappé, Bakayoko, Bernardo Silva, Mendy…) et achètent ou forment des éléments encore plus jeunes, dans le but de les faire grandir et les vendre à court terme au meilleur prix. Mais cet été, cette stratégie a semble-t-il été un peu trop poussée à l’excès avec une bonne douzaine de jeunes joueurs arrivés en potentiels titulaires. Sans oublier les départs de plusieurs cadres majeurs (Lemar, Fabinho, Moutinho), l’effectif monégasque est très jeune, sûrement trop, et la fougue n’a pas encore pris le pas sur l’inexpérience.

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Quatrième plus jeune équipe du championnat de France, Monaco compte 9 joueurs professionnels de 20 ans ou moins. Avec autant de novices qui découvrent pour la plupart le très haut niveau, il est impossible pour Leonardo Jardim de continuer à faire des miracles. Et si même lui n’y arrive pas, c’est que l’équipe ne semble tout simplement pas taillée pour jouer le haut de tableau, sans parler même de la Ligue des Champions. Même avec l’effectif au complet, le onze serait certes beaucoup plus séduisant sur le papier mais la profondeur du banc pourrait ne pas suffire pour tenir toute une saison et surtout jouer sur plusieurs tableaux.
La Ligue des Champions traînée comme un boulet ?
La musique douce et si convoitée de la Ligue des Champions, qui vient égayer les mardis et mercredis soirs des plus grands clubs européens, vaut tous les sacrifices du monde. Mais pour un club comme l’AS Monaco, très affaiblit et placé dans un groupe de l’impossible avec l’Atlético de Madrid et le Borussia Dortmund, un doute peut persister quant à la nécessité de jouer à fond cette compétition.
Avant de se lancer à fond dans cette parenthèse enchantée, qui peut calmer les maux du championnat, l’ASM n’a ni les garanties sportives d’en sortir indemne tant la Champion’s est exigeante et l’effectif trop court pour la disputer à 100%. Alors on peut se demander à quoi bon jeter et épuiser ses meilleurs forces dans une bataille qui peut paraître perdue d’avance ; sauf que l’AS Monaco est une institution qui se doit de respecter une compétition si prestigieuse et qui lui a réussi dans un passé récent. Jardim sera en tout cas dans l’obligation de gérer les temps de jeu de chacun et il ne serait pas surprenant de le voir faire tourner son équipe en C1, particulièrement dans les rencontres face au petit poucet du FC Bruges. Le championnat restera la priorité et, aujourd’hui dix-huitièmes, les Monégasques n’ont pas intérêt à lâcher l’affaire au risque d’avoir une très mauvaise surprise en fin de saison qui rappellera l’épilogue douloureux de 2010-2011.

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Une fois de plus, c’est l’aspect économique, certes non négligeable, qui aurait surtout intéressé les dirigeants à courir toute la saison passée derrière une participation à la Ligue des Champions. L’échec de l’an passé (deux nuls, quatre défaites) ne semble pas avoir poussé le club à recruter pour éviter de revivre une telle galère. Ces erreurs dans le mercato, déjà criantes au regard des prestations en Ligue 1, pourraient être encore plus voyantes et regrettables en Ligue des Champions. Ce poids que pourrait devenir la campagne européenne sera éventuellement prolongé en Ligue Europa, plus jouable mais tout aussi fatigante, puisque la troisième place du groupe est largement accessible.
Des cadres blessés ou en difficulté
Les absences en cascade ne peuvent en aucun cas excuser à elles seules le niveau sportif affiché par certains cadres du onze monégasque depuis plusieurs semaines. À commencer par son attaquant vedette. Les doutes laissés par Radamel Falcao dans une fin de saison délicate physiquement et sportivement (seulement trois buts en deuxième partie de saison) se sont confirmés à l’entame de l’exercice 2018-2019. Il n’a scoré qu’à trois reprises depuis le début de la saison, à l’image de son équipe qui peine devant le but. À Saint-Etienne vendredi dernier, c’est un buteur en doute qui a manqué de grosses opportunités, celles que le Colombien ne rate habituellement jamais.
Mais l’efficacité offensive n’est malheureusement pas la seule préoccupation des Rouge et Blanc. Le milieu de terrain change très souvent et ne donne pas encore de réelles garanties. Ce trouble du milieu n’est pas qu’à mettre sur le dos des jeunes. Par exemple, Youri Tielmans, un espoir confirmé de l’équipe et potentiel taulier, connaît une deuxième saison sur le Rocher pour le moment assez compliquée et pas à la hauteur de son talent.

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Même constat pour la défense qui se montre assez régulière dans sa fébrilité. La charnière centrale Glik-Jemerson est méconnaissable et rien ne semble simple en particulier pour le Brésilien. À gauche, Djibril Sidibé ne semble toujours pas remis de sa blessure d’avant Coupe du Monde et son retour tardif n’a guère donné de satisfaction, en tout cas pas dans la régularité. Pour tous ces hommes, le problème semble avant tout psychologique et à l’AS Monaco, ce sera à eux de trouver des motifs d’encouragements pour sortir de cette spirale négative et tirer à nouveau le club vers le haut.
Encore du temps pour remonter la pente
Après le déplacement à Dortmund, excitant mais périlleux, l’AS Monaco aura un dernier match de championnat avant la trêve. Ce sera l’occasion de reprendre des couleurs face à une équipe rennaise elle aussi assez décevante. À domicile, les Monégasques auront vraiment de quoi décrocher une deuxième victoire en Ligue 1, avec le retour de Subasic dans les buts.
Ensuite, il sera temps pour les internationaux de rejoindre leur sélection et pour le club de retrouver tout le monde en récupérant ses blessés. La saison sera alors définitivement lancée et avec toutes les forces en présence, il sera désormais impossible de se cacher derrière les absents. Le club enchaînera par cinq rencontres largement à sa portée (Strasbourg, Dijon, Reims, Bruges deux fois) qui donneront le ton avant d’accueillir le Paris Saint-Germain : il sera temps de décoller au risque de s’enliser dans une saison galère.