Sans faire de bruit, le latéral de l’Atletico s’est tranquillement installé comme un titulaire en puissance des Bleus jusqu’à en devenir aujourd’hui indispensable. Par son abnégation permanente et son caractère brûlant sur le terrain, il secoue une équipe de France jusqu’ici trop plate et sans émotion particulière.
Il incarne pleinement la jeunesse de cette équipe de France. Mais du haut de ses 22 ans et de ses huit petites sélections, il semble déjà plein d’expérience et de caractère qui peut souvent manquer aux Bleus. Dans un style à la sud-américaine, affamé sur chaque prise de balle, provocateur, rapide, malin, plein de vice et sans rien lâcher pendant 90 minutes, Lucas Hernandez rayonne lorsque cette équipe peut paraître nonchalante. S’il peut parfois manquer de concentration et laisser quelques espaces derrière comme face au Pérou à plusieurs reprises, ses erreurs de jeunesse sont encore minimes par rapport à son implication sans faille à chaque match.

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Il doit ce caractère de combattant à ses origines (il est né en France mais a grandi et vit en Espagne depuis ses six ans) mais surtout à son entraîneur à l’Atletico Madrid, Diego Simeone. La grinta, la combativité et plus globalement la culture de ne jamais compter ses efforts, font effectivement parti de l’ADN du club, à l’image de son bouillonnant coach argentin. Lucas, comme on l’appelle simplement lorsqu’il évolue avec les Colchoneros – en prononçant évidemment à l’espagnol – semble donc avoir parfaitement intégré ces valeurs. Celles-ci ne définissaient jusqu’ici pas l’équipe de France, au contraire de l’Argentine. Pour battre l’Albiceleste, les Bleus auront aussi besoin de cette grinta sud-américaine tout en gardant une solidité et un calme propre à la mentalité du sélectionneur. L’arrivée de Lucas en mars dernier a en tout cas apporté cette saveur et cette folie qui se marie très bien avec cette équipe parfois brillante et parfois perdue, à condition qu’il ne soit pas seul sur le terrain à en vouloir.
Lors du premier match des Bleus dans cette Coupe du Monde face à l’Australie, il a par exemple été le meilleur Bleu en surnageant dans un collectif amorphe, sans vitesse et sans envie. Tel un chien fou, il a mordu dans chaque ballon, s’est battu comme un mort de faim dans chaque duel et n’a laissé aucune miette à ses adversaires en défendant sans relâche. Si ce fut un peu plus compliqué face au Pérou, où il fallait être ultra vigilant sur les attaques dans son couloir gauche où Carrillo était intenable, il a montré une nouvelle fois sa détermination sans faille, qui se caractérise encore par un déchet régulier, mais est tout de même passé proche de son premier but en sélection. Et en cas de désagrément en cours de match ou de changement de dispositif tactique, Lucas est aussi capable d’évoluer dans l’axe comme il l’a déjà fait en Espagne.

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Il n’avait joué qu’un seul match entier en équipe de France à l’heure de débuter le Mondial mais vient d’enchaîner deux matchs et demi, grâce à des performances convaincantes et prometteuses et à un concurrent encore convalescent. Titulariser Benjamin Mendy, qui n’a plus joué un match complet depuis le début de saison, serait donc risqué pour sa santé et pour le collectif dans des matchs à très haute intensité, ce que Lucas arrive à enchaîner normalement sans problème. Mais l’équipe de France pourra compter sur le Cityzens si la blessure de Lucas venait à se montrer plus inquiétante, car même à cours de forme et en manque de rythme, conserve un talent indéniable et une force offensive déstabilisante. La dernière solution de secours pourrait être de déclarer Presnel Kimpembe dans le couloir gauche ou même de basculer Sidibé sur son côté a priori le moins favorable.
Didier Deschamps pourrait ainsi être amené à bricoler car malheureusement, le Mondial de Lucas a peut-être pris une tournure négative lors d’un dernier match de poule sans rythme ni intérêt particulier. Pourtant, le latéral gauche s’est blessé au fessier et c’était sans doute le seul Français du jour qui pouvait connaître un pépin vu l’intensité proposée par ses partenaires. Dans le néant, il a encore été le seul à amener un peu d’électricité dans le jeu tricolore mais il était encore trop seul pour faire basculer la rencontre. Pour battre l’Argentine, les Bleus auront absolument besoin de son latéral gauche en pleine forme. Touchée face au Danemark, la révélation française du premier tour est pour le moment essentielle par son état d’esprit et sa combativité dans une équipe qui manque jusque ici de caractère. Son absence serait alors un vrai coup dur même si la seule idée de jouer l’Argentine devrait logiquement booster tout le groupe.