La saison 2015-2016 de biathlon débute le 29 novembre en Suède à l’occasion de l’ouverture de la Coupe du Monde.
Cet été, j’ai eu la chance de m’entretenir avec Marie Dorin-Habert, double championne du monde cette année (sprint et poursuite). Dans cette première partie, pour Résultats Sportifs, elle tire un bilan sur la saison 2014-2015 marqué par la naissance de sa fille et d’excellents résultats en championnats du monde et raconte son parcours sportif qui l’a amené jusqu’aux sommets mondiaux.
Tout d’abord, qu’est-ce qui vous a donné envie de pratiquer ce sport et comment avez-vous débuté ?
J’ai commencé le biathlon un peu par hasard, j’ai d’abord fait du ski alpin avant de mettre au ski de fond vers 14 ans parce qu’il y avait un ami à mes parents qui était moniteur de ski de fond. J’ai commencé avec lui et il m’a fait découvrir ce sport que j’ai bien aimé pour son côté « nature ». J’en ai fait pendant deux ans et l’entraîneur du comité du Dauphiné de biathlon venait faire des sortes de repérage, il faisait tirer des jeunes avec des carabines. Comme cela s’est bien passé, il m’a invité à un stage et c’est donc comme ça que j’ai commencé à pratiquer cette discipline.
Quelle est votre premier souvenir de ski en compétition ?
La première compétition que j’ai faite était en skating (épreuve de ski de fond). J’ai dû finir troisième et je crois que cela avait surpris les habitués de la discipline qui avaient l’habitude d’occuper les trois premières marches du podium. J’avais 14 ans et je n’ai pas de souvenir de compétition auparavant.
Avez-vous un jour imaginé au début de votre carrière que vous deviendrez double championne du monde et vice-championne olympique ?
Non, pas du tout. Quand j’ai commencé ma carrière en biathlon, j’étais plutôt à l’aise parce que j’aimais bien le sport et cela me faisait du bien. Je connaissais deux ou trois personnes avec les stages de comité de ski de fond, l’ambiance était bonne. Je suis donc plus allé vers ce sport comme ça, sans ambition, et les résultats sont venus après. Je n’imaginais jamais en faire mon métier.
Parlons à présent de votre carrière. Vous souvenez-vous des Jeux Olympiques de 2010 où vous avez été révélé auprès du grand public en décrochant deux médailles ?
Je pense que les Jeux de Vancouver ont été le gros tournant de ma carrière, ce sont mes meilleurs souvenirs. Déjà, je n’étais pas sélectionnée au début de la saison pour les épreuves de Coupe du Monde, je devais passer par des sélections. Etre sélectionnée pour disputer les Jeux Olympiques était l’objectif de la saison. J’étais donc très contente de pouvoir y participer et je visais une bonne place sur chaque course. Après, ça s’est bien déroulé pour moi avec d’abord une première médaille de bronze qui a surpris tout le monde, moi y compris. On change un peu à travers d’attitude ses résultats et derrière les bons résultats se sont confirmés (avec une médaille d’argent en relais).
Que retenez-vous de la saison 2013-2014, ponctuée par des blessures et des JO compliqués ?
Cela a vraiment été une saison très étrange parce que j’ai été beaucoup blessée durant la préparation, notamment en novembre, juste avant la première Coupe du Monde. Je suis tombée dans la boue à l’échauffement et cela a été finalement une grosse blessure à la cheville, avec une rupture des ligaments. J’ai mis un peu de temps avant de reprendre. Finalement, c’est peut-être cette blessure qui m’a permis de tomber enceinte. Je ne vois pas cette blessure comme un mauvais événement, au contraire. Au niveau sportif, la saison a été très perturbée par des événements non-sportifs, une blessure et une grossesse. Je suis quand même allé aux Jeux mais je n’avais que deux semaines de ski dans les jambes, je n’étais pas du tout préparée. Cela reste une déception puisque toute la saison je m’étais entraînée pour ça. Et puis j’étais enceinte de deux mois, je ne savais pas trop où j’allais. J’ai passé mes JO à dormir, atteinte d’hypersomnie dû à la grossesse. Je n’en ai pas profité sur le niveau sportif. Bref, c’était une saison vraiment particulière mais j’ai beaucoup appris.
Comment expliquez-vous que les résultats ont été nettement en hausse depuis la naissance de votre fille Adèle, en septembre 2014 ?
Je n’en sais rien mais je pense que pendant la saison 2013-2014 j’ai beaucoup progressé à l’entraînement. Pendant les premiers chronos, mon niveau avait été un peu élevé même si je n’avais pas pu m’exprimer à cause de ma blessure. J’ai fait la saison dernière (2014-2015) en tirant les bénéfices de la saison d’avant. La première course présageait une bonne saison. J’ai pu me reposer aussi car je ne faisais pas d’entraînements très difficiles. Avec du recul, je me dis que mon corps avait besoin de repos. J’avais à cœur de revenir et prendre une revanche sur la saison précédente où mes résultats étaient décevants. Voir autre chose que le ski m’a permis aussi de relativiser, de me rendre compte de ma chance de pratiquer ce métier et savoir qu’il y a quelque chose de plus important en rentrant le soir chez moi.
Comment expliquer que vos grandes performances viennent pendant les compétitions les plus importantes ?
Ce sont les moments les plus faciles pour les outsiders comme moi pour réaliser ces performances. Les leaders sont attendus et ont donc une pression supplémentaire. Il n’est pas rare de voir des surprises comme moi gagner, qui ne sont pas au premier plan le reste de l’année. Sur des championnats, il y a beaucoup de pression pour les favoris et nous pouvons en profiter. Je pense que l’an prochain (Mondiaux à Oslo en mars 2016) cela va changer pour moi, je serais plus attendue. Refaire la même chose l’an prochain sera tout l’objectif, confirmer les bons résultats de la saison dernière. Du coup, cela sera vraiment difficile.
Retrouvez ici la deuxième et dernière partie de cet entretien.
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