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Pour ma première interview, j’ai eu la chance de rencontrer Vincent Planté, grand gardien passé par Caen, Saint-Etienne ou Guingamp et qui évolue aujourd’hui en National, au Red Star. Il parle de sa carrière, de sa vision sur le championnat de National, également du Red Star et du football d’aujourd’hui, entretien vérité !
Bonjour Vincent Planté et merci de m’accueillir sur ton lieu de travail ! Avant toute chose, peux-tu te présenter à mes lecteurs ?
Bonjour, je suis Vincent Planté, gardien de 34 ans, j’ai signé mon premier contrat pro en 2000, j’ai parcouru plusieurs clubs de Ligue 1, Ligue 2, National.
Tu as fait tes gammes à Cannes au début des années 2000. Imaginais-tu un jour que tu allais vivre cette « riche » carrière ? C’était ton objectif ?
Non, on n’imagine pas la carrière qu’on fait, on l’espère c’est tout. Maintenant j’ai travaillé pour aussi, donc je suis fier de tout ce que j’ai fais.
A Cannes, tes 2 premières saisons, tu joues en deuxième division puis tu descends en National. Ces 2 années ont-elles été difficiles pour toi ?
Oui, parce que c’est les premières années en professionnel, tu descends, t’arrives en National sans certitude. Le club était aussi au bord de la faillite. Au bout de 2 ans, le club a perdu son statut professionnel donc j’étais libre de tout contrat. C’est comme ça que j’ai atterri à Caen !
Justement, à Caen tu ne disputes qu’un seul match la première saison puis la saison suivante, tu ne disputes pas moins de 25 rencontres en Ligue 1. On peut parler de déclic ?
Oui enfin, le déclic, c’est toujours une conséquence du premier gardien qui était Steve Elana à l’époque. Il s’est gravement blessé ce qui m’a permis de jouer quelques matchs. Ensuite il est revenu, malheureusement pour lui et heureusement pour moi, il n’était pas à son meilleur niveau. Le coach a décidé de changer et j’ai réussi à garder la place.
D’ailleurs, ton premier match en élite, t’en rappelles-tu ?
Oui contre Bordeaux à domicile (1-1 le 2 octobre 2004). C’était stressant pour moi, premier match en Ligue 1, un des premiers matchs aussi avec Caen puisque l’année précédente je n’avais fait qu’un match de championnat avec la Coupe de la Ligue. C’était un peu particulier : de bons souvenirs, de grands souvenirs !
Avec Caen, tu jongles entre la Ligue 2 et la Ligue 1, toutefois tu restes portier n°1. Quelle a été ta force pour conserver ton poste durant ces années caennaises ?
D’abord, le travail. Le travail et l’abnégation de toujours vouloir faire mieux que le dernier match, corriger les erreurs que j’ai pu commettre lors des matchs précédents et après c’est le travail.
Par la suite, tu quittes Caen pour Saint-Etienne, pourquoi ce choix ?
Parce que le club avait envie de changer de numéro 1. Ils avaient annoncé qu’Alexis Thébaux serait numéro 1 l’année suivante. Il fallait que je trouve un nouveau challenge, il me restait un an de contrat et Saint-Etienne m’a accueilli. J’ai été fier et honoré parce que c’est un grand club mythique avec des grands joueurs qui sont passés par là. Cela m’a permis de voir un autre contexte par rapport au Stade Malherbe de Caen qui était un club plutôt familial.
Justement, tu vas retrouver Saint-Etienne en Coupe de France (8èmes de finale, mardi 10 février). Est-ce que tu rêves de jouer ce match ?
Ce n’est pas moi qui décide, c’est le coach. Maintenant, Bobby Allain dispute la Coupe de France depuis le début, il a fait de très bons matchs. Si on en est là aujourd’hui, c’est aussi grâce à lui. Après, le staff prendra une décision, j’aurais une discussion avec le staff avec lequel il y a eu des choses mis en place. Ça serait une belle chose même si aujourd’hui, la Coupe de France ce n’est pas ma priorité même si j’ai une envie particulière comme lors du match face à Arles-Avignon (un de ces anciens clubs) qui est de jouer. Ma priorité ce n’est pas la priorité du club.
Tu es ensuite revenu en Ligue 1 avec Arles-Avignon parce que l’élite te manquait ?
Non, j’ai été prêté par l’ASSE l’année suivante de mon arrivée chez les Verts. J’ai voulu partir en prêt. Arles-Avignon, le directeur et le coach me voulaient donc je suis parti. C’était malheureusement une mauvaise expérience au niveau football parce qu’on est descendu en finissant dernier. Mais c’était une bonne expérience au niveau humain et mental car là il travaillait bien le mental (rires).
Tu t’es engagé au Red Star. Est-ce le fait que le club ait remporté 5 fois la Coupe de France ?
C’est surtout parce que c’est un club historique où de nombreux joueurs qui ont évolués au niveau supérieur y sont passés. Il y a une grande ambiance ici avec nos supporters, ce qui est plutôt rare en National. A part à Strasbourg où il y a autant de bruit, aucun club peut se vanter d’avoir des supporters comme les nôtres.

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Ton objectif à présent, c’est de perdurer au club. Tu vois ton avenir ici ?
Oui, maintenant il y a beaucoup de choses qui vont rentrer en jeu notamment si on monte (en Ligue 2) ou pas. Pour l’instant c’est bien parti mais on en qu’à la moitié de la saison donc on verra ça au mois de mai.
Aimerais-tu devenir entraîneur ou membre du staff ici ou ailleurs ?
Je vais essayer de passer le diplôme spécifique gardien de but l’année prochaine. Cette année j’ai la chance d’avoir la confiance du club pour prendre des entraînements de gardien des jeunes équipes ce qui permet d’évoluer à un poste que je ne connais pas et que j’apprécie.
Comment on vit dans l’ombre d’un grand club comme le PSG ?
Il n’y a aucune comparaison à faire je pense que le PSG reste le PSG, le Red Star reste le Red Star. Ça ne pose pas de problème d’être moins médiatisé que le Paris Saint-Germain. On fait notre bonhomme de chemin, on verra ce qu’il se passera à l’avenir. On a un objectif cette année : c’est la remontée en Ligue 2. Une fois qu’on aura atteint ce challenge on se mettra d’autres challenges en tête. Pour l’instant il ne faut pas « péter plus haut que son cul » (!) et faire le maximum pour retrouver le monde professionnel avec le Red Star.
Aussi, le Paris FC est un concurrent direct pour vous. Quel est ton point de vue sur cette rivalité ?
Cette rivalité existe c’est sûr mais pour nous, joueurs, ça se passe juste sur le terrain. Après, que le PFC soit premier et nous troisième, le principal est le fait que nous sommes les trois premiers. C’est sûr que ça serait la cerise sur le gâteau si on pouvait être devant eux et champion à la fin de saison. Ils sont partis sur un bon rythme maintenant il faut voir. Ca va être difficile mais on va faire notre championnat et on verra après.
Ces 3 clubs parisiens pourront-ils un jour jouer dans le même championnat ?
Pourquoi pas ? En Angleterre, il y a bien 8 clubs à Londres. Tout est possible, maintenant avec la conjoncture actuelle, le financement qu’on demande pour aller en haut serait difficile. On va essayer de gravir les échelons petit à petit. On ne va pas rêver de Ligue 1 ou de Coupe d’Europe tout de suite, on va rêver de Ligue 2 pour l’instant.
Le championnat de National doit-il être plus médiatisé ?
Il n’est pas assez médiatisé, ça c’est sûr. C’est compliqué pour les diffuseurs, déjà au niveau visuel. Ma Chaîne Sport fait le maximum pour parler de ce championnat. Il est vraiment mal diffusé quand on voit qu’en Angleterre jusqu’à la quatrième division, les stades sont remplis, il y a des télés, il y a plusieurs matchs par semaine. C’est compliqué de rivaliser ! Maintenant est-ce un problème économique ou un problème de spectateur ? Sur cette question, je ne sais pas.
Est-ce que le championnat de National pourra un jour être autant médiatisé que la Ligue 1 ?
Non, ça ne sera jamais aussi haut que la Ligue 1 mais ça peut quand même être plus médiatisé. Au niveau des journaux, par exemple quand j’ouvre L’Equipe le matin il y a deux lignes sur le National. On dirait qu’on s’en fout de ce championnat alors qu’il y a quand même des pépites qui sont passés par là comme Valbuena ou les gros joueurs qui sont en Equipe de France. Aujourd’hui, on nous « chie dessus », sur ce championnat alors qu’il y a des joueurs intéressants, des équipes intéressantes qui propose du beau jeu. On n’est pas médiatisé parce qu’on préfère parler des grandes équipes qui ont de l’argent.
Un peu comme le football féminin ?
Déjà je trouve qu’on en parle plus par rapport à quelques années. Il y a eu les 24h du sport féminin, elles ont fait parlées d’elles grâce à leurs beaux résultats en Coupe du Monde. C’est bien pour elles même si la médiatisation n’est pas assez importante malgré ce qu’elles font : Lyon ou le PSG s’affrontent en Ligue des Champions. Chez les hommes, on n’a jamais eu deux clubs français qui s’affrontent en demis-finale. Lyon a déjà gagné deux fois la Ligue de Champions féminines, Paris est bien parti cette année. Je trouve que c’est bien que le football féminin se développe comme ça.
Enfin, as-tu un jour rêver d’évoluer en Equipe de France ?
Oui, tout joueur qui joue au niveau veut intégrer cette équipe de France pour représenter son pays. Chanter la Marseillaise et jouer pour son pays, c’est ce qu’il y a de plus beau. Malheureusement, je n’ai jamais réussi à atteindre ce niveau-là, c’est un regret dans une carrière.
Penses-tu que tu as eu un jour le niveau pour jouer avec les Bleus ?
Non, parce que sinon on m’aurait testé mais je n’ai jamais été testé donc. Dire oui, ça serait facile. Si les coachs ont décidé de ne pas me choisir, c’est comme ça.
Commente nous un peu cette finale (Coupe de la Ligue 2005 : Caen – Strasbourg 1-2) :
Il y avait une ambiance extraordinaire. Nous avons réussi à faire venir 30000 Bas-Normands sur la capitale, c’était magique.
(Son premier arrêt) J’arrive à bien anticiper le super appel de Mamadou Niang pour bloquer le ballon du bout des doigts. J’ai d’ailleurs ressenti une petite douleur.
(L’ouverture du score de Niang pour Strasbourg) C’était un peu compliqué pour moi sur le centre avec un rebond, il l’a bien croisé de la tête.
(Second but Strasbourgeois de Devaux) J’ai fait un mauvais choix : je veux l’arrêter des poings alors que j’aurais dû bloquer le ballon avec les mains.
(Fin du match et défaite 2-1 de Caen) C’est douloureux, il y avait beaucoup de tristesse. C’est le football : il faut un vainqueur et un vaincu. On a tout de même réalisé un beau parcours à l’extérieur dans cette Coupe de la Ligue.
Bonus :
Si tu étais un joueur : Zinedine Zidane.
Si tu étais un gardien de but : Fabien Barthez parce qu’il a révolutionné son poste avec le début du jeu au pied. Et Manuel Neuer parce qu’il fait actuellement évolué son poste.
Si tu étais un entraîneur : (hésitation) Aimé Jaquet pour ce qu’il a fait avec de grands joueurs comme Zidane, Barthez, Blanc et pour son calme.
Si tu étais un stade : Le Parc des Princes pour le bruit et l’ambiance.
Si tu étais un championnat : La Premier League qui est un des plus grands championnats d’Europe et qui est très attractif.
Les 3 phrases à retenir de l’interview :
- On a un objectif cette année : la montée en Ligue 2. » Il ne faut pas péter plus haut que son cul ! «
- Aujourd’hui, j’ai l’impression que tout le monde s’en fout du National : on nous « chie dessus » !
- Chanter la Marseillaise et jouer pour son pays, c’est ce qu’il a de plus beau. Ne pas avoir vécu ça, c’est un regret dans une carrière.
Entretien réalisé au centre d’entrainement du Red Star le lundi 26 janvier 2015. Je tiens à remercier Alexis Fontana de lerdvdessupporters.wordpress.com qui m’a permis de décrocher cette interview, ma première.
Très belle interview de Vincent Planté, c’est très instructif, félicitations pour ta 1ère 🙂 !
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Très très bien il a raison Vincent Planté que en France on parle pas assez le championnat national
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